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Soudan: 2,5 millions de personnes déplacées - quel avenir les attend?

Le conflit au Soudan dure depuis plus de 10 semaines. Les conséquences de ce conflit ont un impact majeur sur le système de santé déjà fragile, rendant l'accès aux soins de santé nécessaires d'autant plus difficile. De plus, les établissements de santé manquent de stocks, d'équipements et de personnel médical, car eux aussi doivent fuir pour se protéger, ainsi que leur famille.

Avant l'escalade du conflit, le système de santé était déjà extrêmement vulnérable. Les disparités entre les zones urbaines et rurales, ainsi qu'entre les riches et les pauvres, étaient déjà énormes. En général, la majorité des Soudanais avaient un accès limité aux soins de santé en raison de la violence récurrente, des conflits, des conditions économiques désastreuses et du manque de ressources médicales ou de personnel médical en raison de ce qu’on appelle le « brain drain » ou « fuite des cerveaux » en français. Terme utilisé pour définir la fuite des individus les plus compétents dans les activités de haute technologie quittant leur pays d'origine pour travailler dans d'autres pays où les conditions de travail et de salaire sont plus intéressantes.

Khartoem
Vue aérienne des combats et de la violence à Khartoum, Soudan, mai 2023 © Atsuhiko Ochiai

De plus, la réduction du financement étranger et la suspension de l'aide internationale ont directement et indirectement entraîné une augmentation de l'insécurité alimentaire, de la malnutrition et des problèmes de vaccination. Le Soudan avait déjà un taux de mortalité infantile extrêmement élevé (avec 38 décès pour 1000 naissances) ainsi qu'un taux de mortalité maternelle élevé (295 décès pour 100 000 naissances). Ce conflit ne fait qu'aggraver ces chiffres. Selon l'UNICEF, des millions d'enfants de moins de 5 ans n'ont pas eu accès aux services essentiels et vitaux au cours des dernières années.

Avant l'escalade actuelle, environ 78.000 enfants de moins de 5 ans mouraient chaque année de causes évitables telles que le paludisme. L'accès à un établissement de santé était déjà un grand problème. Lorsque les patients pouvaient atteindre une structure, les soins étaient souvent médiocres et dispensés par des agents de santé non qualifiés. Résultat : la couverture des soins de santé pour les mères et les enfants était parmi les plus faibles de la région. Il y avait une pénurie de sage-femmes qualifiées et de nombreuses femmes accouchaient à domicile, et près d'un quart des naissances au Soudan n'étaient pas assistées par un personnel de santé qualifié.

La situation actuelle au Soudan 

Avant l'escalade de la violence, MSF travaillait dans 12 États du pays, fournissant des services de soins de santé de première et de deuxième ligne et soutenant les hôpitaux. Nous continuons à adapter et à intensifier notre aide d'urgence là où nous avons accès, afin de répondre de manière impartiale et dans la mesure de nos capacités aux besoins humanitaires et médicaux les plus urgents.

Depuis l'escalade de la violence en avril 2023, Médecins Sans Frontières travaille dans 12 États du Soudan : Khartoum, Kassala, Al-Jazeera, Darfour occidental, Darfour du Nord, Darfour central, Darfour du Sud, Mer Rouge, El-Gedaref, Nil bleu, Nil blanc et le Nil. Voici quelques-uns des endroits et moyens par lesquels nous apportons une aide à la population du Soudan :

Chirurgie à Khartoum

Une équipe chirurgicale à Khartoum, en collaboration avec des volontaires et du personnel médical local à l'hôpital d'enseignement de Bashair, a réalisé 425 opérations du 9 mai au 22 juin, pour un total de 418 patients, dont 39 âgés de 5 à 15 ans. En raison des tirs continus et des attaques aériennes, l'équipe a traité 284 patients atteints de blessures par balles, 72 personnes blessées par des explosions et 29 personnes avec des blessures par arme blanche. 

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Hassan Yassir, l'un des volontaires (personnel médical) dans la salle post-opératoire avec un patient à qui l'on a retiré une balle de la cuisse. Khartoum, Soudan mai 2023 © Ala Kheir

Cliniques mobiles dans l'État d'Al-Jazeera

À Wad Madani, la capitale de l'État d'Al-Jazeera, MSF a mis en place des cliniques mobiles pour les personnes ayant fui Khartoum. Depuis le début du mois de mai, nos équipes ont réalisé plus de 2.000 consultations. Les cas les plus courants sont les affections des voies respiratoires, ainsi que le paludisme, les maladies chroniques telles que le diabète, l'hypertension, l'asthme et les lésions cutanées dues à des allergies et à la gale. Nos équipes administrent également des vaccins et une sage-femme s'occupe des femmes enceintes en offrant un soutien psychologique.

Une grande préoccupation est le risque de propagation de maladies liées à l'eau, en particulier avec le début de la saison des pluies. MSF réalise des projets d'eau et d'assainissement tels que la construction et le nettoyage de latrines, ainsi que la fourniture d'eau potable propre dans les camps de déplacés. Un traitement contre la malaria coûte 15,82€.

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Soutien aux hôpitaux du Darfour du Nord

L'hôpital soutenu par MSF à El Fasher est un hôpital de maternité transformé en hôpital avec une unité de traumatologie. Depuis le 15 avril, les équipes de MSF ont effectué plus de 600 opérations pour des blessés et des femmes nécessitant des interventions obstétricales d'urgence. Le 15 mai, un camion MSF est arrivé avec 10 tonnes de fournitures médicales pour le South hospital et le Zamzam camp.

Zamzam refugee camp
Des patients attendent d'être soignés à la clinique MSF du camp de Zamzam, au Darfour Nord, Soudan. Mai 2023 © MSF

Aide humanitaire dans les camps de réfugiés de l'État du Nil blanc

Au camp de réfugiés d'Um Sangour, des camions transportant quotidiennement des personnes en provenance de Khartoum arrivent. Dans la semaine suivant l'ouverture de la clinique en juin, l'équipe a réalisé plus de 1.400 consultations.

Maintenant que la population augmente dans le camp, la situation devient critique : les équipes constatent des cas de malnutrition et de présumée rougeole chez les enfants. Médecins Sans Frontières soutient la clinique en fournissant du personnel, des fournitures médicales, de l'eau et des installations sanitaires, ainsi qu'en réparant certaines parties des installations. Dans le camp de déplacés de Khor Ajwal, où résident des déplacés de l'État du Nil bleu, notre équipe a réalisé plus de 2 800 consultations depuis le 6 juin 2023.

Les gens fuient vers les pays voisins du Tchad, de la République centrafricaine (RCA) et du Soudan du Sud.

Cliniques mobiles, vaccinations et dépistage de la malnutrition chez les réfugiés au Tchad

On estime que plus de 150.000 personnes ont fui vers le Tchad, dont de nombreux Tchadiens qui sont revenus. Au moins 15.000 personnes sont des réfugiés soudanais qui ont atteint la ville d'Adré. Médecins Sans Frontières (MSF) a traité plus de 900 blessés à l'hôpital de la ville en seulement quatre jours (du 16 au 19 juin). Nous constatons également de nombreux cas de paludisme et de malnutrition, en particulier chez les enfants, ce qui rend la situation encore plus délicate maintenant que la saison des pluies commence. MSF a mis en place des cliniques mobiles, organisé des campagnes de vaccination et effectué des dépistages de la malnutrition, entre autres. La plupart des réfugiés arrivent dans les provinces d'Ouaddai, Sila et Wadi Fira. Avant le conflit, ces provinces comptaient déjà plus de 400 000 réfugiés soudanais qui vivaient souvent dans des camps surpeuplés avec des conditions sanitaires et alimentaires insuffisantes. À Sila, MSF a lancé un projet d'urgence en collaboration avec les autorités pour dépister les enfants souffrant de malnutrition aiguë et fournir des soins de santé sexuelle et reproductive.

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Les blessés arrivent par vagues à l'hôpital d'Adré au Tchad, où ils sont soignés par les équipes de MSF et du ministère de la Santé. Au moins 242 blessés ont été accueillis pour la seule journée du 15 juin et 348 pour celle du 16 juin. Tchad, juin 2023 © Mohammad Ghannam

Pédiatrie, vaccinations et approvisionnement en eau pour les réfugiés en République centrafricaine (RCA)

Selon les Nations Unies, plus de 13.800 personnes ont fui vers Vakaga, dans le nord de la RCA. La plupart sont soudanais, mais il y a également de nombreux Centrafricains qui sont rentrés. Plus de 80 % des réfugiés sont des femmes et des enfants, car les hommes sont restés pour combattre. De nombreux enfants sont malades et il y a également de nombreux cas de malnutrition. À Birao, la capitale de Vakaga, MSF assure des soins pédiatriques, des vaccinations et de l'eau. En collaboration avec l'hôpital local, nous assurons la continuité des soins de première ligne dans le camp de personnes déplacées.

Cliniques mobiles, eau potable et soins contre la rougeole pour les réfugiés au Soudan du Sud

Plus de 100.000 personnes ont fui vers le Soudan du Sud, dont de nombreux Sud-Soudanais qui sont rentrés. 85 % des réfugiés arrivent à Renk et Aweil, principalement des femmes et des enfants qui sont maintenant bloqués dans des camps de transit. MSF coordonne 3 cliniques mobiles à Renk et une à Aweil pour fournir des soins de première ligne ainsi que de l'eau potable et une unité d'isolement pour les cas de rougeole. Environ 100 consultations sont effectuées chaque jour à Aweil.

Après 10 semaines de conflit, les besoins humanitaires au Soudan sont immenses.

Non seulement au Soudan, mais aussi dans les pays voisins du Tchad, de la RCA et du Soudan du Sud qui accueillent des réfugiés soudanais et des personnes rentrées chez elles. En raison de la nature imprévisible du conflit, il est difficile de prédire comment la situation évoluera. Une chose est claire : les habitants du Soudan ressentiront les conséquences de ce conflit pendant de nombreuses années. Médecins Sans Frontières appelle la communauté humanitaire internationale à continuer de soutenir le Soudan et à fournir une aide là où elle est nécessaire.