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Rapport : La crise mondiale de la tuberculose pharmacorésistante exige une mobilisation de masse

La tuberculose (TB) est l'une des plus graves menaces pour la santé publique auxquelles est confronté le monde d'aujourd'hui, et elle est d'autant plus grave que la résistance aux médicaments s’accroît.

La TB est une maladie curable, mais une gestion mondiale inadéquate a permis à l'épidémie de tuberculose résistante aux médicaments (TB-R) de se développer. Les formes de tuberculose résistantes aux médicaments sont beaucoup plus difficiles à guérir : les médicaments antituberculeux standard ne sont pas efficaces, et les médecins doivent se tourner vers des traitements longs, difficiles, complexes et coûteux qui ne guérissent, au mieux, que la moitié des patients.

À l'origine, la TB-R s'est développée en raison d'une mauvaise utilisation de médicaments anti-TB, et maintenant ces souches plus mortelles de TB-R se propagent d'une personne à l'autre, même si ces personnes n'ont jamais eu la tuberculose auparavant. Aujourd'hui, on estime le nombre de nouveaux cas par an à près d'un demi-million, dont des cas de TB-R déclarés dans pratiquement tous les pays surveillés par l'Organisation mondiale de la santé dans le monde entier, et des cas de TB-UR, ultra-résistante aux médicaments, signalés dans 92 pays.

Comme de nouveaux outils de diagnostic rapide de la TB-MR (prenant deux heures, contre deux mois auparavant) sont plus largement utilisés, de plus en plus de patients sont diagnostiqués, mais à peine une personne, sur cinq qui en ont besoin, peut bénéficier d'un traitement. Ceux qui reçoivent le traitement doivent avaler plus de dix mille comprimés pendant deux ans, subir des injections douloureuses pendant huit mois, et endurer des effets secondaires potentiellement horribles et prolongés.

Participez à notre campagne exigeant des résultats radicalement meilleurs pour les patients

La situation actuelle est si désespérée que les patients et le personnel médical du monde entier s’unissent pour appeler au changement. La campagne du manifeste « DES DIAGNOSTICS, DES TRAITEMENTS » contre la TB-R, lancée en 2013, s'appuie sur l'expérience d'une ancienne patiente atteinte de TB-UR, Phumeza Tisle, et de son médecin, Jennifer Hughes, en Afrique du Sud. La campagne internationale qui demandait l’amélioration du diagnostic et du traitement de la TB-R a suscité un soutien mondial. La déclaration publique et toutes les signatures seront présentées en mai à l'Assemblée mondiale de la Santé, où doivent être examinés les plans de la future riposte mondiale à l'épidémie de tuberculose. Signez dès maintenant sur : www.msfaccess.org/TBmanifesto

Alors que les chiffres augmentent, les pays en développement doivent faire face aux coûts des médicaments (environ 4 000 $ par personne et par traitement), ainsi qu’aux coûts supplémentaires des longues périodes de soins et de gestion des effets secondaires. Il n'est sans doute pas étonnant que le traitement de la TB-R soit si peu disponible de par le monde. Et l'écart critique entre le nombre de cas suspects de TB pharmacorésistante et de ceux traités avec succès laisse ce tueur aéroporté se propager sans discrimination.

« La crise de la TB-R est notre problème à tous et elle exige une réponse internationale immédiate. Chaque année, nous diagnostiquons davantage de patients atteints de TB-R, mais les traitements actuels sont insuffisants pour avoir un effet sur l'épidémie. Peu importe le lieu de résidence, tant que de nouvelles combinaisons thérapeutiques plus efficaces plus rapidement ne seront pas trouvées, les chances de survivre à cette maladie seront très faibles. » dit Sidney Wong, directeur medical de MSF.

De nouvelles combinaisons thérapeutiques courtes, sûres et efficaces, sont la solution à la crise mondiale de la TB-R, et elles nous donnent des raisons d'espérer. Ces nouveaux médicaments antituberculeux, les premiers depuis 50 ans, ainsi que les développements en matière de diagnostic et de nouvelles approches de soins, représentent un réel potentiel d’améliorer radicalement le pronostic des patients. Pourtant, un seul médicament isolément ne peut pas lutter contre cette maladie, et le simple ajout de nouveaux médicaments aux traitements actuels ne va pas résoudre les problèmes de complexité, de toxicité, de durée et de coût.

Malheureusement, les patients restent des années avant d'obtenir les traitements dont ils ont désespérément besoin, et il faut que les gouvernements, les firmes pharmaceutiques et les chercheurs mobilisent d'urgence les ressources et la volonté politique nécessaires pour mettre en place une réponse adéquate. Une recherche collaborative est requise d'urgence pour trouver des combinaisons thérapeutiques plus efficaces beaucoup plus rapidement, mieux tolérées, moins toxiques, adaptées, et d’un prix raisonnable et pouvant être étendues rapidement aux pays à ressources limitées.

Les pays où la tuberculose est un lourd fardeau doivent faire preuve de leadership en saisissant aujourd'hui toutes les occasions de sauver davantage de patients atteints de TB-R, et en stimulant l'innovation en vue de développer les nouveaux traitements de demain. Une réelle volonté politique et un accroissement du financement sont nécessaires de la part des gouvernements donateurs pour avancer, tandis que les firmes pharmaceutiques et les chercheurs doivent explorer de toute urgence toutes les options disponibles, afin d'accélérer en toute sécurité la mise au point de nouveaux schémas thérapeutiques.