Médias sociaux

Open the menu

« Notre rôle consiste à apporter une touche humaine à cette crise »

Country
Belgique
Theme
Épidémies

Camille Coletta, bruxelloise, est promotrice de la santé engagée dans la lutte contre le Covid-19 en Belgique. Ce n’est pas la première fois que Camille travaille dans un contexte d’épidémie. Avant cette intervention de MSF en Belgique, elle a notamment travaillé contre la rougeole en Guinée et contre Ebola en République démocratique du Congo. Selon Camille, il n’y a pas de doute : la sensibilisation est essentielle pour casser les chaines de transmissions du virus. 

Dans le cadre de cette épidémie de covid-19 en Belgique, Camille intervient dans les maisons de repos à Bruxelles. « C’est déroutant. D’habitude, je travaille en tant qu’expatriée, je dois assimiler en peu de temps les spécificités du contexte. Ici, même si je connais l’environnement, c’est un nouvel univers pour moi, il faut tout apprendre. Je n’avais jamais travaillé dans des maisons de repos, ni avec des personnes âgées ou le personnel qui prend soin d’elles et j’ai dû m’y adapter. »

Une maison de repos, ce n’est pas un hôpital

Sur ce projet, Camille travaille en binôme avec une infirmière. Ensemble, elles se rendent dans les maisons de repos où elles rencontrent le personnel. « Mon rôle consiste à vulgariser les bonnes pratiques de contrôle de l’infection. On commence toujours par discuter avec les personnes qui gèrent les maisons pour voir ce qu’elles ont déjà mis en place au sein de leur structure, on fait toujours une visite du bâtiment ensuite pour se faire une idée de l’endroit dans lequel on est, parce que chaque maison est unique, on ne peut malheureusement pas transposer ce qu’on fait d’une maison à l’autre, » explique-t-elle.

Camille continue : « Je dois aussi m’adapter au contexte : il s’agit d’une maison de repos, pas d’un hôpital. Il faut donc très souvent adapter les protocoles médicaux avec lesquels on est habitués de travailler. Par exemple, si on conseille de faire un cohortage, il faut garder en tête que les personnes âgées ont parfois très peu de repères, leur chambre c’est en fait leur maison. Les loger a un autre endroit c’est très déstabilisant pour elles. On essaie le plus possible de s’adapter au contexte tout en apportant une touche humaine dans cette réponse sanitaire. »

L’expérience de Camille sur d’autres épidémies lui est précieuse. Pour arrêter les chaines de transmission du Covid-19, les personnes doivent comprendre comment la maladie se transmet. « Pour cela, il faut des messages audibles et compréhensibles. Et c’est le rôle d’une promotrice de la santé ! Je vulgarise et humanise les messages. On arrive avec des solutions pratiques pour rendre les solutions concrètes. Sans cela, les mesures semblent parfois un peu abstraites et ne font pas nécessairement sens sur le terrain. C’était pareil avec Ebola : la promotion de la santé a un rôle clé. »

Camille explique que, très rapidement, un lien de confiance s’est créé avec les maisons de repos car il s’agit d’un vrai partage d’expertise. « Les maisons de repos sont toujours très accueillantes, on est souvent les premiers interlocuteurs externes qu’elles reçoivent et on partage notre expertise technique et nos connaissances sur l’épidémie.  On leur explique par exemple l’importance de l’habillage avec les différents éléments de l’équipement personnel, où ils doivent le porter, mais aussi comment l’enlever correctement afin d’éviter toute contamination. Ce moment est souvent nécessaire et précieux. C’est aussi parfois un moment où  ils peuvent partager leur vécu, leurs émotions, parce qu’il ne faut pas oublier que les résidents qu’ils ont perdus ont parfois vécus dans ces maisons depuis des années et faisaient comme partie de la famille pour le personnel », continue la jeune femme.

En fin de compte, tout n’est pas si différent…

« Tout l’environnement dans lequel on travaille est stressant car il y a toujours cette peur d’être infecté. Cette crainte impacte toutes nos relations sociales, y compris en-dehors du travail. Il faut savoir gérer les deux. Mais pour une fois, ma famille et mes amis comprennent réellement ce que je fais et la maladie sur laquelle je travaille, ça c’est positif ».

Camille explique qu’elle peut également appliquer ce qu’elle met en place pour sensibiliser ses proches. Par exemple, en déconstruisant les rumeurs qui circulent, chose que Camille a déjà rencontré sur d’autres épidémies.

« Je pense que l’on va encore travailler longtemps sur le Covid-19, pas forcément en Belgique mais aussi dans d’autres pays qui n’ont pas les systèmes de santé que nous avons et où la maladie pourra avoir un autre impact. J’espère vraiment qu’à la fin de la crise, on pourra tirer les bonnes leçons : que les systèmes de soins de santé sont fondamentaux et qu’on doit absolument continuer à investir dans un droit à la santé pour tous », conclut Camille.