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RÉFUGIÉS SUD-SOUDANAIS EN OUGANDA: LES BESOINS DE BASE NE SONT TOUJOURS PAS COMBLÉS

La réponse de la communauté internationale en Ouganda oublie actuellement les réfugiés et doit impérativement se recentrer sur l’approvisionnement en denrées vitales telles que la nourriture et l'eau afin de prévenir une urgence médicale. Le pays accueille actuellement 950 562 réfugiés et reçoit environ 2000 nouveaux arrivants chaque jour, dont la grande majorité fuit la violence au Soudan du Sud.

L'Ouganda compte désormais le plus grand nombre de réfugiés en Afrique, accueillant plus de trois fois le nombre de personnes arrivées par la mer en Europe au cours de l’année 2016. © Frederique Noy. Ouganda, 2017. Laura Bianchi/MSF
L'Ouganda compte désormais le plus grand nombre de réfugiés en Afrique, accueillant plus de trois fois le nombre de personnes arrivées par la mer en Europe au cours de l’année 2016. © Frederique Noy. Ouganda, 2017. 

Le manque de ressources, conjugué à de mauvaises conditions d'assainissement de l’eau et à une pénurie de rations alimentaires, pourrait à court terme transformer la situation en une urgence médicale. À Palorinya, 80% de la population dépend à 100% de l'eau traitée par MSF, insoutenable pour l’organisation.

«Actuellement, les besoins les plus basiques des réfugiés ne sont pas comblés », explique Tara Newell, directrice des opérations de MSF en Ouganda. «La majorité des réfugiés qui vivent dans des camps sans réserve d'eau et qui dépendent d'une poignée de forages et de camions citernes reçoivent sept litres par personne par jour. L'accès à l'eau dans ces camps dépend d’un approvisionnement par camion, un système extrêmement coûteux souvent enraillé par de mauvaises conditions routières. Sans solution à plus long terme et plus rentable, la capacité des populations à faire face à la situation et à préserver leur santé se détériorera », déclare Newell.

Se résigner à retourner au Soudan du Sud

Suite à une réduction de 50% des rations alimentaires mensuelles distribuées par le Programme alimentaire mondial, le nombre de personnes malnutries dans les structures d’accueil est également une préoccupation majeure. MSF  observe des réfugiés s’inscrivant dans de multiples camps par espoir d’obtenir plus de rations alimentaires et d’eau, et constate des distributions de produits de première nécessité mal coordonnées ou incomplètes dans ces mêmes camps.

Les réfugiés sont placés dans une position inimaginable - fuir sans nourriture et sans eau, ou risquer leur vie dans un conflit juste pour pouvoir manger
Les réfugiés sont placés dans une position inimaginable - fuir sans nourriture et sans eau, ou risquer leur vie dans un conflit juste pour pouvoir manger © Frederique Noy. Ouganda, 2017.

Les réfugiés se sont même pour certains résignés à retourner au Soudan du Sud. "Je préfère être abattu au Soudan du Sud que mourir de faim en Ouganda", déclarait un réfugié au personnel de MSF. Les équipes ont également entendu de nombreuses histoires de réfugiés retournés au Soudan du Sud en raison d'un manque de nourriture en Ouganda, pour y être finalement tués. «Les réfugiés sont placés dans une position inimaginable - fuir sans nourriture et sans eau, ou risquer leur vie dans un conflit juste pour pouvoir manger», explique le docteur Leon Salumu, responsable de programme chez MSF.

La bureaucratie, entrave à l’apport de fournitures médicales

Les activités médicales ont par ailleurs été compliquées par la longue durée des procédures régulières d'importation de fournitures. À titre d’exemple, durant deux mois de l’année en cours, MSF n'a pas été en mesure de permettre des accouchements sécurisés, ni de traiter les maladies des yeux et de la peau, deux causes de mort communes dans les différents camps, en raison des exigences bureaucratiques longues pour importer des fournitures médicales.

MSF demande au gouvernement ougandais d'accélérer les demandes d'importation en attente ainsi que les importations de kits de santé d'urgence et de fournitures à même de faciliter l’apport d’une réponse médicale d'urgence.

Le plus grand nombre de réfugiés en Afrique

L'Ouganda compte désormais le plus grand nombre de réfugiés en Afrique, accueillant plus de trois fois le nombre de personnes arrivées par la mer en Europe au cours de l’année 2016.

L’accès à l’eau potable est l’un des principaux défis dans les camps de réfugiés, et MSF continue de développer ses activités dans ce domaine.
L’accès à l’eau potable est l’un des principaux défis dans les camps de réfugiés, MSF continue de développer ses activités dans ce domaine. © Frederique Noy. Ouganda, 2017.

De nombreux pays ont honteusement introduit des politiques de migration restrictives et cherché à limiter l'arrivée de réfugiés à leurs frontières, formulant des promesses à défaut de soutenir les réfugiés au plus près de leur pays d'origine. De surcroit, ils n'ont pas respecté ces promesses - la réponse des réfugiés en Ouganda étant financée à seulement 17% des fonds annoncés. « La communauté internationale n'a pas contribué à résoudre le conflit au Soudan du Sud et ne propose pas actuellement une aide adéquate aux réfugiés Sud Soudanais dans la région », déclare le Dr Salumu. « La communauté internationale doit remplir ses obligations et repenser les moyens de fournir des services aux réfugiés répartis dans de vastes zones géographiques ».

Les opérations de MSF dans le nord de l'Ouganda

En plus de ses opérations au Soudan du Sud, MSF apporte une réponse à la crise humanitaire en Ouganda depuis juillet 2016, à travers ses activités médicales et en assainissement de l’eau. MSF travaille actuellement dans quatre centres de réfugiés dans le nord-ouest - Bidi Bidi, Imvepi, Palorinya et Rhino - fournissant des soins médicaux aux patients hospitalisés, des soins aux victimes de violences sexuelles et en santé mentale, également en matière de maternité et des soins nutritionnels, tout en assurant des activités de surveillance de la santé communautaire et des activités d'assainissement de l’eau.

MSF a également répondu à un afflux de réfugiés dans Lamwo, à la frontière avec le sud du Soudan, après une attaque à Pajok, Eastern Equatoria, mais a transmis depuis ces activités à d'autres organisations. En plus de répondre à l'afflux de réfugiés, MSF organise des programmes réguliers en Ouganda, fournissant des services de santé reproductive sexuelle pour les adolescents à Kasese, des programmes de soins du VIH /SIDA pour les communautés de pêcheurs sur les lacs George et Edward et de surveillance de la charge virale du VIH au sein de l'hôpital régional d'Arua.