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Haïti: Peu de lits disponibles pour soigner les malades du choléra


Plus de 2000 personnes présentant les symptômes du choléra ont dû être hospitalisées d'urgence depuis mi-octobre à Port-au-Prince (Haïti). Alors qu’une majorité de la population haïtienne reste exposée au choléra faute d’accès à l’eau potable et aux latrines, la capacité de prise en charge des malades reste encore insuffisante. Médecins Sans Frontières (MSF) a renforcé en urgence son intervention avec près de 320 lits.

Les vendeurs nettoient eux-mêmes leur partie de la ville au Port-au-Prince. © Thomas Freteur/ MSF
Les vendeurs nettoient eux-mêmes leur partie de la ville au Port-au-Prince. © Thomas Freteur/ MSF
 Initialement construit pour 80 lits, le centre accueille maintenant plus de 183 personnes par jour © Thomas Freteur/ MSF
Initialement construit pour 80 lits, le centre accueille maintenant plus de 183 personnes par jour © Thomas Freteur/ MSF

Quatre années après l’apparition du choléra, le système de santé haïtien fait toujours face à des pénuries en terme de financement, de ressources humaines et de médicaments.  Cela témoigne du manque de préparation des autorités devant une épidémie qui est pourtant aujourd’hui connue et prévisible. « Les patients arrivent chez nous dans un état critique car  il n’existe pas de dispositif de prise en charge en urgence malgré le Plan National d’Elimination du Choléra », déplore Oliver Schulz, chef de mission pour MSF en Haïti.

Ce sont près d’une centaine de malades qui affluent chaque jour dans le centre d’urgence de Martissant à Port-au-Prince (Haïti). « Nous avons essayé de référer les patients vers d’autres centres de traitement du choléra mais très vite nous avons constaté qu’il n’y avait pas assez de lits disponibles », s’inquiète Olivia Gayraud, coordinatrice médicale pour MSF en Haïti. « Le centre de Martissant s’est rapidement trouvé dépassé par le nombre de patients car les structures de santé nationales sont mal préparées à réagir à des flambées de choléra pourtant prévisibles durant la saison des pluies », poursuit-elle.

Les équipes de MSF ont donc monté en urgence deux centres de traitement de choléra dans les quartiers de Martissant et Delmas 33. Des structures du Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) ont été ouvertes mais elles sont très vite trouvées dans l’incapacité de fonctionner faute de financement. MSF a dès lors également soutenu certains de ces centres soignant près de 2000 patients depuis le 10 octobre.

Beaucoup de malades proviennent de quartiers où l’accès à l’eau potable et aux toilettes est déplorable. «Les bidonvilles sont un environnement propice au développement du vibrio et à l’infection de la population», explique Olivia Gayraud.

Une fois les personnes infectées via l’eau et/ou la nourriture, la propagation de la maladie est amplifiée par des pratiques d’hygiène déficientes, un manque de latrines et un réseau d’assainissement des eaux usées inefficace. C’est pourquoi, il est primordial d’améliorer les mesures d’hygiène et de sensibiliser la population pour éliminer la maladie.

En Haïti, l’épidémie de choléra sévit particulièrement durant la saison des pluies. Au cours des dernières années, les populations ont graduellement perdu leur immunité face à cette maladie. Comparé à 2013, le nombre de cas pris en charge par MSF a plus que doublé pour la même période.

L’éradication du choléra ne pourra être envisagée sans des mesures drastiques pour prévenir et soigner la maladie. Il est nécessaire de garantir que le niveau de chloration de l’eau distribuée dans les quartiers soit suffisant pour éviter la propagation de la maladie »

Le manque d’infrastructures sanitaires et de mesures d’assainissement de l’eau fait craindre une aggravation de l'épidémie. « L’éradication du choléra ne pourra être envisagée sans des mesures drastiques pour prévenir et soigner la maladie. Il est nécessaire de garantir que le niveau de chloration de l’eau distribuée dans les quartiers soit suffisant pour éviter la propagation de la maladie », explique Oliver Schulz. « Les autorités haïtiennes en collaboration avec les partenaires internationaux doivent activer une réponse d'urgence et intégrer rapidement une prise en charge des cas de choléra dans les structures de santé ».  

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Dès les premiers cas de choléra signalés fin octobre 2010, MSF a déployé des équipes médicales d’urgence sur l’ensemble du territoire haïtien. Sur les 711 558  cas recensés par le MSPP à la date du 28 octobre 2014, plus de 204 000 patients ont ainsi été traités par MSF avec un taux de mortalité inférieur à 1%. Dès 2011, MSF a progressivement rétrocédé aux autorités sanitaires haïtiennes la responsabilité des centres de traitement situés hors de la zone affectée par le séisme du 12 janvier 2010, après formation de leur personnel et des donations de matériel.