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Premiers pas en Haïti

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Haïti

Trois jours que je suis en Haïti... Il fait toujours chaud et moite ; le soleil cogne et la saison des pluies n’est, pour le moment, pas très prolifique... Et c’est tant mieux : l’absence des pluies réduit la propagation du choléra, qui a fait sa tragique apparition dans le pays il y plus d’un an. Les Haïtiens n’avaient vraiment pas besoin de lui et pourtant le vibrion fait son lot de victimes chaque jour. Les CTC (centres de traitement du choléra) de MSF tournent à plein régime : beaucoup d’adultes et quelques enfants, peu de morts heureusement, mais toujours trop de morts quand-même.

J’y suis avec Laura, jeune infirmière première mission qui, parmi ses différentes charges et avec une infirmière haïtienne, assure aussi la bonne gestion du CTC. « Cela me désole de me dire que la maladie n’existait pas dans le pays et qu’aujourd’hui la population haïtienne en souffre alors que les autorités n’arrivent pas à faire face aux fluctuations saisonnières de l’épidémie. Je me souviens du cas d’un bébé de quelques mois qu’on a retrouvé mort et dont le corps avait été abandonné par les parents, sans doute inquiets par les croyances vaudou entourant la maladie. Travailler comme infirmière dans ce type de contexte, c’est aussi devoir tenir compte d’une certaine réalité... »

Les « premières missions » sont au coeur du documentaire qu’on est venu tourner ici pendant une semaine. Ecouter ces expatriés, en première mission sur le terrain avec MSF, parler de leur engagement humanitaire, de leurs joies mais aussi de leurs frustrations : c’est l’objectif de ma présence dans les projets de MSF à Port-au-Prince, capitale d’Haïti.

La section belge de MSF y mène deux programmes qui contribuent à donner accès aux soins de santé à une population largement démunie dans un pays où les structures de santé de qualité font cruellement défaut. L’un, le Centre d’urgence de Martissant, un quartier défavorisé et violent, prend en charge gratuitement les victimes d’accidents, de violences où d’autres pathologies (y compris le choléra) ; l’autre, l’hôpital de Tabarre, offre différents services et se concentre principalement sur la chirurgie.

Entre les projets de Tabarre et de Martissant, ils sont une demi-douzaine d’expatriés à faire leurs premiers pas avec MSF. Certains depuis à peine quelques jours, voire quelques heures, à l’instar de Giovanna qu’on est allé accueillir hier soir à l’aéroport ; d’autres depuis quelques mois comme Laura, l’infirmière du CTC, qui dans quelques semaines rentrera pour l’Italie après six mois de missions. Giovanna, elle, vient d’achever plus de dix ans d’étude de médecine et de chirurgie. Elle a toujours considéré comme un rêve le fait de pouvoir allier ses deux passions : la chirurgie et l’humanitaire. C’est à l’hôpital de Tabarre, le dernier né des hôpitaux MSF, qu’elle va pouvoir concrétiser cela dans l’une des nombreuses salles d’opération que compte l’hôpital.

A Tabarre, il y a aussi Astrid, logisticienne (« log ») française qui assure le suivi logistique de ce géant d’hôpital qui a bien besoin du dynamisme de cette jeune « première mission » pour contribuer à son bon fonctionnement. Son homologue à Martissant, c’est Pietro, jeune Italien un peu bonhomme dont le boulot avec ses collègues haïtiens consiste en gros à trouver des solutions à tous les problèmes logistiques qui peuvent se présenter sur une mission. Allier ingéniosité et débrouillardise, c’est un peu la principale qualité des « logs » chez MSF.

Et puis, il y a Stijn... Stijn : très jeune médecin belge de 26 ans, les pieds sur terre et la tête bien vissée sur les épaules. En fonction pour MSF depuis à peine trois semaines, mais une conception de l’humanitaire comme s’il était tombé dedans depuis son plus jeune âge. Avec une équipe d’une quinzaine de médecins haïtiens, il prend en charge les patients victimes de violence ou d’accidents souffrant de pathologies nécessitant des soins d’urgence qui se présentent au centre d’urgence de MSF à Martissant, l’un des quartiers les plus pauvres et les plus violents de Port-au-Prince.

Laura, Astrid, Pietro, Giovanna, Stijn comptent donc parmi les jeunes « premières missions » envoyées par MSF en Haïti. Qu’est ce qui les motive à travailler pour MSF ? Pourquoi ont-ils décidé un jour de s’engager dans l’humanitaire dans un pays où les règles de sécurité ne permettent que peu de sorties en dehors des structures MSF ? C’est de tout cela qu’il sera question dans le film « Première mission » que MSF diffusera dans les universités à partir de septembre 2012.
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Valérie