En République centrafricaine, les civils paient le prix de la reprise des combats
Jeudi 13 avril 2017
Alors que le conflit s’étend et s’intensifie en République Centrafricaine, des dizaines de civils sont tués et blessés et des milliers sont contraints de fuir pour échapper à la mort, recevant très peu ou pas d’aide humanitaire. Les équipes de MSF ont été témoins d’exécutions sommaires et de la terreur de la population civile.
Au cours des derniers mois, des luttes au sein des parties opposées depuis le conflit de 2014-2015 ont provoqué leur éclatement et déclenché un nouveau conflit pour le contrôle du territoire et de ses ressources, en particulier dans les régions centrales et orientales du pays (préfectures d’Ouaka, de Haute-Kotto, de Basse-Kotto et de Mbomou). Lorsque les villes changent de main, les civils sont les premiers à en pâtir. Dans leur hôpital à Bria, par exemple, les équipes de MSF ont soigné 168 personnes pour des blessures liées à la violence depuis le mois de novembre.
La population complètement traumatisée
« Nos équipes ont trouvé les corps mutilés laissés à la vue de tous pour terroriser la population. Les civils sont complètement traumatisés, et un grand nombre d’entre eux ont dû se réfugier dans la brousse, où ils survivent grâce à ce qu’ils peuvent y trouver à manger », déclare René Colgo, chef de mission adjoint de MSF en charge de l’équipe apportant des services médicaux dans les zones de Bakouma et de Nzako depuis le 26 mars.
Le conflit s’étend à des zones qui étaient, au cours des deux dernières années, considérées comme relativement stables. À Bakouma et Nzako (province de Mbomou), les groupes armés rivaux se disputent les villes et les zones minières. Cette situation a des conséquences dévastatrices pour la population civile.
« Pendant le week-end du 24 au 26 mars, nous avons accueilli environ 24 personnes grièvement blessées dans notre service de pédiatrie. Parmi ces personnes, se trouvait une petite fille de 3 ans, blessée par balle. C’était le chaos absolu. Je me souviens avoir dû laisser un homme grièvement blessé par balle car il fallait que je m’occupe de toute urgence d’un autre qui venait d’arriver, les intestins à nu. Nos équipements techniques étaient limités, mais notre chirurgien est parvenu à lui sauver la vie », raconte le médecin de MSF Katie Treble, qui travaille à l’hôpital pédiatrique de Bria.
Une crise humanitaire qui s'amplifie
« Ce qui constituait déjà l’une des crises humanitaires les plus graves au monde s’intensifie actuellement. La République Centrafricaine s’enferme dans une spirale de violence jamais vue depuis le point culminant du conflit en 2014 », déclare Emmanuel Lampaert, représentant de MSF en République Centrafricaine.
Au cours des derniers mois, la violence entre les groupes armés est également marquée par une augmentation des attaques ciblées contre des communautés spécifiques, qui entraînent des représailles et une rapide escalade de la violence. « Toutes les parties doivent au minimum cesser leurs attaques contre les non-combattants et permettre aux personnes en détresse de recevoir un minimum d’aide humanitaire », déclare Caroline Ducarme, cheffe de mission MSF en République Centrafricaine.
MSF en République centrafricaine
MSF travaille en République Centrafricaine depuis 1997, offrant des soins médicaux d’urgence à ceux qui en ont le plus besoin à travers le pays. En 2016, MSF a effectué 947 000 consultations médicales (dans un pays comptant 4,6 millions d’habitants), traité 580 000 personnes atteintes de la malaria, administré 490 000 vaccins et aidé à donner naissance à plus de 21 000 nouveau-nés. MSF est financée à 100 % par des donations privées pour son travail en République Centrafricaine.