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Mexique

Au Mexique, MSF gère plusieurs projets où sont dispensés des soins médicaux et en santé mentale aux migrants, aux réfugiés d'Amérique centrale et aux ressortissants mexicains expulsés des États-Unis.

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El CAI - le Centre d'action intégrale de MSF - dispense des soins complets aux migrants qui ont souffert de la torture et d'autres formes de violence extrême, y compris les violences liées aux gangs et les violences sexuelles.  ©  Melissa Pracht/MSF, novembre 2019.

En 2019, MSF a intensifié ses activités au Mexique, le long de la frontière nord avec les États-Unis. Des milliers de migrants ont été piégés dans des villes mexicaines dangereuses lorsque le système de protection des demandeurs d'asile dans la région s’est effondré et que des politiques migratoires basées sur la criminalisation, la dissuasion et l'endiguement ont été introduites. Un nombre croissant de femmes, d'enfants et de familles entières fuyant la violence et la pauvreté extrêmes dans leur pays d'origine – le Honduras, El Salvador et le Guatemala, soit le triangle nord de l'Amérique centrale – suivent un itinéraire autrefois surtout emprunté par des hommes.

En février, nous avons déployé une équipe à Piedras Negras, dans l'État de Coahuila, pour porter secours à environ 1700 migrants honduriens empêchés par la police et les militaires de quitter l'usine abandonnée dans laquelle ils s'étaient réfugiés. Ces migrants ont ensuite été acheminés de force en bus dans des villes comme Reynosa, tout aussi, voire plus dangereuses.

Les équipes de MSF déjà actives à Mexico (au Centre des victimes d’extrême violence et de torture), à Tenosique et Coatzacoalcos au sud, et à Reynosa et Matamoros au nord, ont établi des bases à Mexicali, Nuevo Laredo et Monterrey, pour porter secours à un nombre croissant de personnes confrontées à d'insurmontables obstacles physiques, administratifs et politiques, et incapables de trouver refuge. Au nord, nous avons ainsi porté secours à de nombreux Mexicains expulsés des États-Unis.

Nuevo Laredo est un point d'entrée officiel aux États-Unis dans l'État de Tamaulipas. C’est aussi l’un des principaux points de rapatriement des ressortissants mexicains. Là, et dans d'autres villes du nord, une politique de contingentement des migrants et demandeurs d'asile limite le quota journalier de demandes d'asile pouvant être introduites au point d'entrée à la frontière américano-mexicaine.

Dès juillet 2019, Nuevo Laredo a vu arriver des personnes renvoyées au Mexique par les États-Unis, en attendant une décision sur leur demande d'asile, en vertu des « Protocoles de protection des migrants » (MPP). MSF porte secours aux migrants dans plusieurs abris de la ville et a maintes fois alerté sur le danger que fait peser sur les gens l’obligation de rester dans des villes telles que Nuevo Laredo, qui, de tous les lieux où nous travaillons, expose le plus les migrants aux enlèvements et extorsions. En 2019, 21% des 643 migrants vus dans nos programmes de santé mentale à Nuevo Laredo avaient été victimes d'enlèvements. Nos patients ont vécu un long cycle de dangers inéluctables. Pour survivre, beaucoup ont dû fuir leur foyer et ont été la cible de violence pendant leur traversée du Mexique. Dans l'État de Tamaulipas, ils s'exposent à de nouvelles violences. À Mexicali, nous avons ouvert une consultation pour venir en aide aux migrants, réfugiés, expulsés, déplacés internes et renvoyés au Mexique en vertu des MPP. En octobre, nous avons ouvert des activités à Monterrey, l’un des principaux pôles de migration sur l'itinéraire nord-est, afin de détecter les victimes d'incidents de violence extrême. Nous avons aussi formé le personnel des abris à identifier ces cas de manière à les transférer vers notre centre spécialisé de prise en charge des victimes de torture à Mexico.

En 2019, à Reynosa, nous avons continué de soigner les victimes de violence, y compris sexuelle, et les Mexicains expulsés des États-Unis. En avril, nous avons intensifié nos activités dans le seul abri de la ville pour faire face au flux croissant de migrants en raison de la politique de contingentement. Conçu pour accueillir 150 personnes, l’abri en accueillait par moments 450, et les quelque 2000 sur liste d'attente étaient obligées de rester dehors, à la merci d'enlèvements, d'extorsions, de vols et de violence sexuelle.

Nous avons aussi dû étendre nos activités à Matamoros, pour aider les populations sur la route. Au premier semestre, il s'agissait surtout de Mexicains de retour mais, en août, lorsque les MPP ont été introduits dans la ville, jusqu'à 100 demandeurs d'asile renvoyés de force au Mexique sont arrivés chaque jour. Un camp de fortune a été ouvert à côté du pont international mais sans accès à l'eau, aux installations sanitaires ni à quelque type de services que ce soit.

Au sud du pays, dans le seul abri à Tenosique, une ville proche de la frontière guatémaltèque, MSF offre une assistance médicale et des soins en santé mentale. À Tapachula, le principal point d'entrée au Mexique, nous avons effectué une brève intervention similaire à celle de Monterrey pour détecter les victimes de torture et d’extrême violence. À Coatzacoalcos, un point de transit où les voyageurs font généralement une pause avant de poursuivre leur périple à bord de « la Bête », le train de marchandises qui traverse le Mexique, les équipes de MSF gèrent une clinique mobile. En juin, MSF a dénoncé les raids et détentions de masse opérés par les autorités mexicaines, y compris pendant que nos équipes intervenaient auprès des patients.

Au Mexique, une « entrée illégale » est une infraction civile et non pénale. Pourtant, les migrants appréhendés sont enfermés dans des centres de détention puis expulsés vers leur pays d'origine. Nous avons visité plusieurs de ces centres et avons dénoncé leur surpeuplement, et l'insuffisance de soins médicaux, de nourriture, d'eau et de sanitaires.

Nos équipes actives auprès des communautés affectées ou isolées par la violence perpétrée par de nombreux groupes criminels partout au nord du pays voient de plus en plus de Mexicains ayant fui des États dangereux, comme celui de Guerrero. Trois équipes de MSF y déploient des cliniques mobiles et ciblent des villages qui ont récemment été l'objet d'attaques ou d'évènements violents.

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