Bangladesh : un an après les exactions
quel avenir pour les Rohingyas ?
Un an après le début des exactions de l’armée birmane qui ont poussé sur le chemin de l’exil plus de 700 000 personnes, les Rohingyas restent confinés dans des camps insalubres au Bangladesh, sans aucune perspective d'avenir et avec un soutien limité de la communauté internationale. Ces réfugiés ont rejoint les quelque 200 000 Rohingyas chassés par les précédentes vagues de violence ; au total ce sont près de 920 000 Rohingyas qui ont trouvé refuge dans le district de Cox’s Bazar, au Bangladesh. La situation sanitaire reste très dégradée, notamment dans le camp de Kutupalong-Balukhali, le plus grand camp de réfugiés au monde. Le refus de leur statut juridique, associé à des conditions de vie inacceptables dans des camps de fortune, continue à enfermer les réfugiés dans un cercle vicieux de souffrance et de problèmes de santé.
Déplacez la flèche pour découvrir le camp avant et après l'exode :
Il est inacceptable que la diarrhée aqueuse reste l’un des plus grands problèmes sanitaires que nous rencontrons dans les camps. L’infrastructure nécessaire pour répondre aux besoins les plus fondamentaux de la population n’est toujours pas en place, ce qui affecte sérieusement le bien-être des gens.Témoignage de
Pavlo Kolovos
Chef de mission pour MSF au Bangladesh
Au cours des 12 mois qui ont suivi, MSF a assuré plus de
- 656 200 consultations
- au bénéfice de plus de 2/3 des réfugiés rohingyas
- dans 19 établissements de soins ou cliniques mobiles
Dans une région où cyclones et moussons sont monnaie courante, il n’existe quasiment aucune structure stable pour les réfugiés rohingyas, ce qui a une incidence concrète sur leur niveau de sécurité et de dignité.
Interpellé par MSF, un réfugié a décrit le degré de vulnérabilité ressenti par sa famille dans le camp : « Quand il pleut, nous nous rassemblons tous en famille en maintenant l’habitation pour que l’abri ne s’envole pas. La nuit, il fait très noir ici, nous n’avons pas de lampes. »
Étant donné le niveau de violence que les Rohingyas ont connu au Myanmar et le traumatisme qui en résulte, les services de traitement pour les troubles mentaux et pour les blessures liées aux violences sexuelles et à caractère sexiste restent inadaptés.
Une autre difficulté est l’absence de statut juridique, qui entrave l’accès raisonnable à la justice et à l’État de droit. En outre, les Rohingyas restent confinés de force dans les camps, la plupart d’entre eux ayant un accès restreint à l’eau potable, aux latrines, à l’éducation, à des opportunités d’emploi et aux soins de santé.
Bon nombre des réfugiés interpellés par les équipes de MSF sont très inquiets pour l’avenir.
En refusant de reconnaître les droits juridiques des Rohingyas en tant que réfugiés ou de leur accorder un autre statut juridique, les gouvernements et organisations intervenants les maintiennent dans une situation de grande vulnérabilité. En plus de limiter la qualité et l’ampleur de l’aide, ces restrictions soumettent les Rohingyas à une dépendance totale à l’aide humanitaire. Cette situation les prive de toute occasion de bâtir un avenir digne pour eux-mêmes et fait de chaque jour une lutte pour la survie qui n’a pas lieu d’être.
Il convient de trouver des solutions plus durables pour faire face à une période de déplacement susceptible de se prolonger. La réalité est que des centaines de milliers de Rohingyas sont déplacés depuis des décennies au Bangladesh et ailleurs, et qu’il peut encore s’écouler des décennies avant un retour sûr au Myanmar, si retour il y a. L’ampleur et l’étendue des souffrances endurées par les Rohingyas méritent une intervention nettement plus vigoureuse, à l’échelle locale, régionale et mondiale. Dans l’attente, il faut continuer à faire pression sur le gouvernement du Myanmar pour qu’il cesse sa campagne contre les Rohingyas.