Médias sociaux

Open the menu

Voici pourquoi nous n'acceptons plus les fonds des Gouvernements européens

Partagez la vidéo sur FacebookTweetez cette vidéo

Décision cruciale: l'accord entre l'Union Européenne et la Turquie à propos des réfugiés est inhumain. MSF refusera désormais les fonds européens et de ses Etats membres.

Questions/réponses 

Ci-dessous, nous vous proposons une série de questions/réponses afin de satisfaire vos interrogations à propos de cette décision historique prise par MSF.

Pourquoi MSF n'accepte-t-elle plus les fonds européens ?

Le nombre de personnes dans le monde forcées de quitter leurs maisons a atteint un nouveau record. Les gouvernements européens ont construit des murs plus grands, déployés des chiens et une police des frontières afin de bloquer ces personnes qui ont besoin de protection et d'aide de la part de l'Europe.

Les équipes MSF ont traité les cicatrices physiques et psychologiques qui ont forcé ces personnes à fuir leurs foyers ainsi que celles infligées par le parcours dangereux que les politiques de dissuasions européennes les ont forcés à prendre. 10 000 personnes sont mortes ces deux dernières années en Méditerranée. 

Le pacte signé entre l'UE et la Turquie est le dernier d'une longue série de politiques anti-humanitaires prises par l'Europe. Cette décision a poussé MSF à un point de non-retour. C'est une réponse honteuse de la part d'un continent qui a clairement des responsibilités envers les personnes qui cherchent l'asile. 

Quelles sont exactement les mauvaises parties que MSF dénonce à propos de l'accord entre la Turquie et l'UE ?

L'accord est présenté comme un succès par les Etats européens car il a - temporairement et artificiellement - atteint son objectif principal: empêcher les personnes d'atteindre l'Europe. Rien n'a été fait pour répondre aux facteurs qui poussent les gens à se déplacer et la frontière entre la Syrie et la Turquie reste fermée à ceux qui fuient pour sauver leurs vies.

L'expérience de MSF en matière de migration de ces quinze dernières années montre que ce n'est qu'une question de temps avant que des personnes désespérées essayent de trouver un autre chemin, souvent plus dangereux, vers l'Europe. Nous sommes inquiets que l'accord pousse les personnes qui voulaient traverser la Grèce à traverser la Méditerranée - une route bien plus mortelle qui a déjà doubler le nombre de pertes de vies cette année à la même période qu'en 2015.

MSF ne rejette pas juste ce pacte et ses implications mais également tout le message qui est envoyé aux autres pays en ce qui concerne leurs obligations vis-à-vis des personnes qui recherchent l'asile et vis-à-vis de l'aide humanitaire qui est utilisée comme un outil de contrôle des frontières.

Combien d'argent MSF recevait-elle de l'Europe ?

En 2015, le montant provenant des institutions européennes s'élevait à 19 millions d'euros, ceux des Etats membres à 37 millions d'euros. En addition à l'ECHO, le bureau humanitaire de l'UE, MSF est impliquée dans des partenariats avec 9 pays en 2016 parmi lesquels:

  • la Belgique
  • le Danemark
  • l'Allemagne
  • l'Irlande
  •  le Royaume-Uni
  •  le Luxembourg
  •  les Pays-Bas
  •  l'Espagne
  •  la Suède

En ce qui concerne la Belgique, le montant annuel s'élève à environ 5 millions d'euros. En tout, l'argent reçu s'élevait à 62,8 millions d'euros. 

Quelles sont les conséquences pour les projets de MSF ?

MSF utilisera son Fonds d'urgence, habituellement utilisé pour les situations d'urgences, afin d'être certaine que cette décision n'impacte pas ses patients. 

Les fonds européens ne représentaient qu'une petite proportion de nos fonds qui proviennent à 92% de la générosité de 5,7 millions de donateurs individuels. Dorénavant, nous nous appuierons plus que jamais sur cette générosité.

Pourquoi MSF réagit-elle maintenant alors qu'elle reçoit les fonds européens depuis longtemps ?

MSF a, à plusieurs reprises, exprimé des inquiétudes à propos des échecs de l'Europe et de ses membres à répondre aux besoins humanitaires et médicaux des migrants, demandeurs d'asile et des réfugiés.

Nous sommes témoins, en première ligne, de la souffrance engendrée par les politiques européennes. Face à l'abolition du droit d'asile, qui est un principe humanitaire international, MSF a atteint son point de non-retour. Nous ne pouvons accepter l'argent d'Etats ou d'institutions dont les politiques causent du mal aux personnes. 

Qu'attend MSF de la part de l'Europe ?

Durant l'année écoulée, MSF a, à plusieurs reprises, demandé à l'UE et à ses Etats membres de mettre en oeuvre des politiques qui protègent, plutôt que des politiques de dissuasion et de renvoi des personnes. 

Nous n'attendons pas que les politiques européennes changent à court terme mais nous ne voulons pas en être les complices en continuant d'accepter les fonds des mêmes gouvernements européens ou institutions qui causent autant de mal.

Que fait MSF pour les réfugiés en Turquie ?

MSF a travaillé en partenariat avec les acteurs locaux en Turquie depuis le début de la crise en Syrie. Nous travaillons près de la frontière avec la Syrie afin de répondre aux besoins des réfugiés.

Nous sommes allés voir à plusieurs reprises dans d'autres régions du pays ces dernières années et nous n'avons pas trouvé de manques majeurs d'aide humanitaire. La réponse du gouvernement turc à la crise des réfugiés a été correcte, ils ont dépensé à peu près 3 milliards de dollars en aide directe.

Nous sommes actuellement en train d'essayer d'obtenir l'accès à des centres de détention afin d'assister à des potentiels besoins médicaux.

En ce qui concerne les personnes renvoyées en raison du pacte entre l'Europe et la Turquie, MSF ne veut pas être complice d'un système que nous considérons anti-humanitaire. Nous nous sommes retirés du camp de Moria, en Grèce, pour les mêmes raisons. 

À quelles conditions MSF acceptera-t-elle à nouveau les fonds européens ?

Les institutions européennes et les Etats membres devront prendre des mesures drastiques et changer leur fusil d'épaule à propos des politiques de dissuasion et du renvoi des personnes.

Cela devra inclure l'assurance que les partenariats avec des pays tiers donneront aux personnes une alternative sécurisée aux voyages mortels afin de demander l'asile plutôt que de se focaliser sur le fait de bloquer les personnes à nos frontières.