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Traquer les moustiques pour lutter contre la fièvre jaune

Suite à l’apparition de cas de fièvre jaune en République Démocratique du Congo (RDC), liée à l’épidémie qui a éclaté en décembre dans l’Angola voisin, MSF a déployé des activités dans le sud-ouest du pays pour enrayer la propagation de la maladie. 

L’entomologiste André Yebakima explique l’importance de l’organisation d’une chasse aux moustiques, vecteurs de la fièvre jaune.

Quel est le rôle d’un entomologiste dans une intervention fièvre jaune?

Dans le cadre d’une maladie avec un vecteur comme la fièvre jaune, il y a trois acteurs :

  • Le virus
  • L’homme 
  • Le vecteur, en l’occurrence le moustique qui transmet le virus

Pour lutter contre la maladie, il faut prendre en considération ces trois acteurs. L’entomologiste, le spécialiste des insectes, va donc se pencher sur le moustique et  localiser leurs lieux de reproduction. Il peut s’agir des petits déchets qui traînent dans la cour ou dans le jardin et qui récoltent un peu d’eau, de vieux pneus abandonnés, de citernes, de gouttières bouchée, etc.Sans le moustique, il n’y a pas de transmission. Donc, en détruisant le moustique, on détruit la chaîne de transmission.  

Quels sont les moyens pour lutter contre les moustiques ?

Il faut déjà éviter de se faire piquer en utilisant des répulsifs, des moustiquaires, des vêtements longs... On doit aussi éviter d’avoir dans et autour de la maison tout ce qui peut contenir un peu d’eau stagnante, qui favorise la ponte des moustiques. Enfin, on peut utiliser des produits biocides, des insecticides chimiques ou biologiques.

Il y a aussi un procédé mis au point récemment qui consiste à empoisonner l’eau d’un gîte. Un moustique qui va s’y poser emporte l’insecticide sur ses pattes et va ensemencer d’autres gîtes. Les autres moustiques vont venir s’y empoisonner à leur tour… 

De manière générale, la mobilisation communautaire et la promotion de la santé sont déterminantes pour expliquer aux gens la maladie, le rôle du moustique et ce que chacun doit faire en évitant au maximum l’existence de points d’eau stagnante.

Une campagne de vaccination contre la fièvre jaune en RDC
Une femme se fait vacciner contre la fièvre jaune par MSF à Matadi en République Démocratique du Congo © MSF. Matadi, 2016.

Vous avez fait une évaluation à Kinshasa, comment identifier les zones où intervenir dans une ville aussi immense (12 millions d’habitants) ?

Généralement, on a des repères : un quartier où on a eu des suspicions de maladie, où la population est la plus dense… Ce qui va nous permettre de nous orienter sur le terrain. Une fois sur le terrain, on va faire des visites autour des maisons, dans les maisons pour repérer tous les points d’eau possibles…

A Kinshasa, l’objectif était tout d’abord de faire un état des lieux sur le vecteur par échantillonnage : quelles espèces sont en cause, où sont leurs lieux de reproduction… 

Des équipes MSF fumigent un quartier de Matadi afin de tuer les moustiques adultes © MSF
Des équipes MSF fumigent un quartier de Matadi afin de tuer les moustiques adultes © MSF. Matadi, 2016.

La principale conclusion: le rôle prépondérant de l’homme dans la création des gîtes. Avec l’épidémie dans un pays voisin, l’Angola, le principe de précaution dicte d’initier des actions comme la mobilisation sociale, des interventions ciblées autour des cas suspects ou des lieux sensibles comme les hôpitaux ou les écoles.

 Il restera évidemment toujours de l’eau stagnante à droite ou à gauche. L’objectif n’est pas d’éradiquer mais de baisser la population de moustique de telle sorte que qu’il n’y ait pas de transmission forte.