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Massacre en février sur le site de protection de Malakal: l'échec de l'ONU

Médecins Sans Frontières publie un rapport sur l'intervention humanitaire et de maintien de la paix suite à l'attaque sur le site de protection des civils à Malakal les 17 et 18 février. Le rapport constate que, malgré une forte présence militaire sur le site et un mandat clair ordonnant de protéger les civils, la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) a échoué dans son devoir de protéger les personnes présentes sur le site et aurait pu éviter de nombreuses morts.

Ce rapport montre également que les acteurs les plus humanitaires travaillant sur le site se sont trouvés paralysés et incapables de répondre aux besoins urgents des personnes déplacées internes pendant la crise. Les règles de sécurité des Nations Unies ont empêché l'intervention de ces acteurs lors d'un fossé d'urgence court mais grave, lors duquel les besoins étaient les plus importants.

Une enquête accablante

Le 17 février, lorsque l'attaque a été lancée à l'intérieur du site, et plus tard lorsqu'une force extérieure lourdement armée a attaqué le site, la MINUSS n'a pas réussi à prendre des mesures immédiates. Après la fin des hostilités un jour plus tard, divers rapports indiquaient qu'entre 25 et 65 civils étaient morts, que plus de 108 avaient été blessés et que plus de 30 000 avaient été déplacés. Les évaluations réalisées après l'attaque ont établi que plus de 3 700 abris, soit un tiers du site, avaient été brûlés. Les personnes déplacées internes, déjà fatiguées par la guerre, étaient traumatisées et n'ont eu d'autre choix que de reconstruire leur vie dans les cendres du camp.

Le camp de Malakal le 14 juin 2016, lorsque la saison des pluies a commencée et a rendu les conditions de vie encore plus compliquées © Albert Gonzalez Farran / MSF
Le camp de Malakal le 14 juin 2016, lorsque la saison des pluies a commencée et a rendu les conditions de vie encore plus compliquées © Albert Gonzalez Farran / MSF. Malakal, 2016.

En commentant son lancement, Raquel Ayora, directrice des opérations au sein de MSF, a déclaré : « Notre enquête montre que la MINUSS n'a pas rempli son mandat de protection des civils tel que défini par le Conseil de sécurité : avant l'attaque, ils n'ont pas réussi à empêcher le flux d'armes d'entrer dans le camp ; ils ont choisi de ne pas intervenir lorsque le combat initial a éclaté dans le camp et, quand une attaque est survenue de l'extérieur du camp, ils ont été extrêmement lents à repousser l'assaut ». 

Une volonté de fermer le camp

Les sites de protection des civils ont des configurations uniques et peu pratiques, que la MINUSS a du mal à gérer. Il est évident que son objectif sous-jacent est de fermer Malakal et de reloger la population déplacée loin du site.

La MINUSS est réticente à améliorer les conditions de vie déplorables dans le site ou à mettre en œuvre des mesures qui permettraient d'améliorer la sécurité à l'intérieur du site. Actuellement, l'espace de vie disponible par personne représente seulement un tiers des normes minimales internationalement reconnues. L'approvisionnement alimentaire est à peine au niveau de subsistance et la distribution globale de l'eau est souvent inférieure à 15 litres par personne/jour. Dans le même temps, la vie quotidienne est constamment mise en péril par les violences sexuelles endémiques à l'intérieur et autour du site. 

Une insécurité dans et en-dehors du camp

Une enquête publiée et menée par MSF parallèlement au rapport montre que plus de 80% des personnes déplacées se sentent en danger à l'intérieur du site de protection des civils et ne font plus confiance à MINUSS depuis l'attaque de février. L'enquête montre aussi que l'insécurité en dehors du camp a été unanimement mentionnée par tous les répondants comme étant la principale raison pour laquelle ils ne quittent pas le site. Ils se retrouvent ainsi entre le marteau et l'enclume.

La camp de Malakal en juin 2016 © Albert Gonzalez Farran / MSF
Le camp de Malakal © Albert Gonzalez Farran / MSF. Malakal, 2016.

« Les sites de protection des civils restent la seule solution partiellement efficace pour répondre aux besoins urgents de protection de la population », a déclaré Mme Ayora. « Jusqu'à ce que l'on trouve une alternative plus efficace ou plus sûre, ces sites ne peuvent pas être démontés et nous devons répondre au manque évident de protection et d'assistance.  »

 MSF appelle les Nations Unies à publier les résultats de ses études concernant les événements entourant l’attaque de Malakal. Les organisations travaillant sur le site de protection des civils ont besoin de réviser et d'adapter leurs plans d'urgence, ainsi que de retenir la leçon pour d'autres crises qui présentent d'importants besoins en termes de protection et d'assistance.