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5 femmes face au cancer du col de l'utérus: voici comment MSF les aide au Zimbabwe

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5 femmes face au cancer du col de l'utérus: voici comment MSF les aide au Zimbabwe

À Gutu, une région rurale et reculée du Zimbabwe, les habitantes doivent marcher jusqu'à six heures pour atteindre une clinique. Comment peut-on alors déceler un cancer du col de l'utérus chez ces femmes? Et comment le soigner?

Mis à jour le mer, 12/21/2016 - 11:25

Le cancer du col de l'utérus est provoqué par le papillomavirus (HPV) qui est généralement transmis lors de rapports sexuels. 80% des femmes vont contracter le virus au cours de leur vie mais n’en développeront ni les symptômes, ni les signes apparents. Au Zimbabwe, un tiers des femmes ayant contracter ce type de cancer en succombe chaque année.

Le laboratoire de l'hôpital Gutu mission  © Mélanie Wenger
Le laboratoire de l'hôpital Gutu mission  © Mélanie Wenger

C’est dans le cadre de son projet SIDA que MSF a développé, dans la région de Gutu, des services de dépistage du cancer du col de l’utérus pour la population. Les équipes sur place aident le ministère de la Santé et de l’Enfance zimbabwéen. Pour se faire, des sessions d’information sont organisées dans les cliniques et des promoteurs de la santé se rendent dans les villages de la région afin de rencontrer les patientes chez elles et de leur expliquer l’importance du dépistage. 

LE Dépistage via La méthode VIAC

MSF a instauré la méthode du « Visual Inspection with Acetic acid and Cervicography » (VIAC) dans quatre cliniques de la région de Gutu. Ce processus permet de détecter les lésions qui provoquent le cancer du col de l’utérus en appliquant de l’acide acétique sur le col de l’utérus même.

Une infirmière exécute un test VIAC sur une patiente à l’hôpital rural de Gutu © Mélanie Wenger

Si des lésions sont revélées, elles doivent être rapidement soignées afin d’éviter le développement d’un cancer. Cela ne veut pas dire que la patiente présente un cancer mais qu’il faut mettre en place un traitement, ou dans certains cas une biopsie, pour analyser ou soigner les cellules anormales.

Grâce au procédé VIAC, les patientes ont un résultat immédiat. L'opérateur médical en charge inspecte le col de l’utérus à l’aide d’un appareil photo et projette l’image sur un écran, ce qui permet d'obtenir la meilleure visibilité possible des potentielles lésions. 

Découvrez l'histoire de Magreth, 58 ans qui vit dans la région de Gutu au Zimbabwe Elle a pu réaliser un test de dépistage du col de l’utérus grâce à MSF. 

Se faire soigner 

Lorsqu’une femme réalise un dépistage et que son col de l’utérus présente des lésions, en fonction de celles-ci il existe plusieurs types de traitements. 

  • La cryothérapie: il s’agit d’un traitement par le froid. Cette méthode est appliquée lorsque les lésions présentent sur le col de l’utérus sont inférieures à 75%. La cryothérapie s’effectue directement à la clinique après le dépistage.
  • Le Leep: la méthode est utilisée lorsque les lésions présentent sur le col de l’utérus sont supérieures à 75%. Il s’agit d’une technique qui consiste à faire circuler un courant électrique dans une boucle de fil métallique afin d'enlever le tissu anormal du col de l’utérus. Le Leep s’opère dans la capitale Harare, à quatre heures de route de Gutu. Un trajet qui reste problématique pour les patientes de cette région rurale. MSF intervient afin de permettre aux femmes d’atteindre la capitale. 
  • Lorsqu’il y a suspicion de cancer: les médecins recommandent alors à la patiente de réaliser une biopsie afin de déterminer si l’utérus doit être retiré ou non. Une biopsie coûte en moyenne 56,40€, ce qui reste souvent inabordable pour la majorité des Zimbabwéennes. Dans certains cas problématiques, MSF propose son aide aux patientes afin qu’elle puisse réaliser la biopsie et interpréter les résultats de celle-ci.

Florence, 50 ans,  a subi une biopsie car les médecins suspectaient un cancer du col de l’utérus. Florence n’a aucun revenu et n’a pas les moyens pour analyser les résultats de la biopsie. Les équipes MSF sont intervenues pour l’aider.

Les femmes séropositives plus vulnérables face au cancer

Le cancer du col de l’utérus se développe plus facilement chez les personnes séropositives. En effet, le système immunitaire des patientes n’est parfois pas assez fort, même sous traitement antirétroviral. C’est pourquoi MSF recommande aux femmes séropositives de se faire dépister une fois par an (normalement cela s'effectue tous les deux ans).

C'est le cas pour Ngonidzashe, 28 ans et mère de deux enfants. Elle est séropositive et a subi la procédure du Leep suite à un test positif du VIAC. Elle peut compter quotidiennement sur le soutien de son mari avec qui elle partage tout. Mais c'est différent pour Faceme, 43 ans, qui vit également sous traitement antirétroviral car elle est séropositive. Elle est mère de deux enfants et son mari est décédé en 2001 suite à une méningite. Faceme compte sur le soutien de la communauté pour vivre avec la maladie.

Une stigmatisation qui continue

Beaucoup d’idées reçues persistent dans la société zimbabwéenne concernant la transmission du HPV, des conséquences du cancer et des moyens pour en guérir. C’est pour cela que, préalablement au dépistage, les patientes assistent à une séance d’informations et reçoivent les documents nécessaires pour comprendre le développement de ce type de cancer. Des promoteurs de la santé se déplacent également à travers les villages pour sensibiliser les femmes qui n’ont pas la possibilité de se rendre dans une clinique. 

Malgré ce travail intense, certaines femmes ne réalisent pas le test de dépistage ou ne veulent pas se faire soigner. Cette situation s’explique entre autre par la perception de la communauté dans laquelle elles vivent. La stigmatisation ainsi que la méconnaissance de la maladie– à l’image du VIH/SIDA – peuvent influencer la décision de certaines femmes. 

En illustre l'histoire de Gamuchirai, 46 ans, qui vit depuis deux ans sur traitement ARV car elle est séropositive. En avril 2016, elle réalise un test de dépistage du col de l’utérus. Les médecins suspectent un cancer et recommandent une biopsie.

Les équipes MSF continuent de former les infirmières de la région de Gutu à la méthode VIAC. Un travail essentiel pour que la population rurale puisse avoir accès à des soins.